Mai 1981. Alors qu?une moitié de la France est en liesse, l?autre, Elkkabach en tête, voit dans l?élection de « Mittrand » le spectre bolchevique pointer son nez. Ainsi Albert C. Husson, de la Fiduciaire HC, organise déjà la fuite des capitaux de ses clients en Suisse et s?apprête lui-même à faire ses valises? A Paris, au lendemain de la victoire, Elise Pomereu, chargée d?études auprès d?Attali, défile jusqu?au Panthéon avec toute la gauche militante et mondaine réunie ? Dalida, Pascal Sevran, et Roger Hanin sont là, aussi bien que Lang, Bérégovoy, Rocard, Hernu, Dumas ou Attali, les mêmes qui, quelques jours plus tard, baskets aux pieds, graviront la Roche de Solutré en quête des faveurs présidentielles. La Montagne Sainte Geneviève a beau être moins escarpée, Elise, telle une Cendrillon des temps modernes, y casse son talon et se trouve contrainte de continuer nus pieds. Derrière elle dans le cortège, Louis Husson, jeune scénariste et fils prodigue du banquier susnommé, est venu accompagner Annie Girardot. Tandis qu?Elise, dans le cadre de sa mission, courra les réceptions, Louis, entre deux portages de valises, courra après Elise, jusqu?à la conquérir comme dans un conte de fée? Tout n?est pourtant pas rose en ce début des années 80. Et si Mitterrand abolit la peine capitale, les premiers cas d?une maladie mortelle dont on ignore tout font leur apparition. Paul, l?ancien amant d?Elise, victime d?une baisse inexpliquée des défenses immunitaires, consulte spécialiste après spécialiste? Dans ce roman grave malgré la légèreté piquante des apparences, Erik Emptaz fait ressurgir un univers récent qui paraît soudain bien loin : c?est l?époque des premiers traitements de texte et du premier TGV, du mariage du Prince Charles avec Diana, l?époque où meurt Lacan tandis qu?un étudiant japonais cannibale défraie la chronique. L?époque où, jeune énarque déjà mère de famille, une certaine Ségolène Royal assiste à la victoire d?un nouveau marketing : celui de « la force tranquille »?