« Comme beaucoup, je n'ai pas dormi, la terrible nuit du 11 septembre 2001. On n'observe pas souvent, dans une vie humaine, la lumière dure et blanche de l'apocalypse. Devant les images mille fois répétées des tours qui s'effondrent, j'ai consulté, réfléchi. Et jusqu'au petit matin, face aux micros, j'ai partagé mes impressions. Rentré chez moi, à l'aube, dans un Paris bizarrement tranquille, un Paris déjà figé par la révélation d'un monde nouveau, j'ai revu les images du destroyer Cole, j'ai songé aux faubourgs poussiéreux de Karachi. J'ai médité la haine de la Qaïda contre les temps modernes. J'ai pensé qu'il fallait se tourner vers notre histoire récente. Et j'ai entrepris de relire tous mes articles depuis le début des années 1990. J'ai consulté, en particulier, mes 500 et quelques éditoriaux de Courrier International. J'ai confronté avec les faits mes hypothèses d'alors, toujours sérieuses, parfois provocatrices. J'ai revu les années Clinton, Eltsine, Mitterrand, Rabin ; j'ai voyagé, depuis la Bosnie jusqu'à Hong Kong, depuis le Chili jusqu'au Bengale ; j'ai rencontré des hommes d'Etat, des petits princes, des mafieux, des dictateurs. J'ai puisé dans ces années quelques signes - parfois des preuves. Aujourd'hui, alors que nul ne sait le destin de notre monde, j'ai décidé de rassembler et de partager cette masse de faits, d'hypothèses. Dans les milliers de pages que j'ai écrites, j'ai choisi celles qui me semblaient les plus fortes. Je veux donner une boussole à ceux qui cherchent comme moi, à préparer l'avenir ». A. Adler