Je sais que beaucoup me veulent à jamais interdit de parole depuis que j'ai pu écrire de tels mots : ceux-là sont libres de ne pas lire ce livre. Pour les autres, je veux revenir sur cette « Affaire Meklat », pas seulement pour essayer de comprendre ce qu'il m'est arrivé et me réconcilier avec moi-même, mais parce qu'elle peut être édifiante pour toute ma génération qui croit sincèrement à la virtualité - donc l'impunité - des paroles proférées sur les réseaux sociaux.
Si j'ai été le premier à subir les conséquences de tweets écrits sous pseudonyme, de nombreux autres ont suivi, en France et dans le monde. Comme moi, ils utilisaient Twitter quand il n'était encore qu'un terrain de jeu apparemment sans conséquence, et non le média surpuissant qu’il est devenu.
Peut-on aborder froidement, aujourd'hui, les questions de fond que Twitter pose ? Peut-on parler du caractère paradoxal de ce media qui encourage l'hystérie de l'improvisation tout en interdisant le droit à l'oubli ? Parler aussi des condamnations à perpétuité de tous ces jeunes imbéciles qui, comme moi, portent la faute de leurs premières transgressions? Puisse ce livre nourrir le débat, sans être d'emblée disqualifié du fait de son auteur. Si ce texte devait dissuader ne serait-ce qu'un jeune geek de se suicider socialement, un jour, à coups de tweets, alors il n'aura pas été inutile à mes yeux. »