Brumaire, an II, jour de la Herse. Le conventionnel Balthasar quitte Paris pour les Pyrénées, avec la mission d'y mater une révolte de nobles et de prêtres : brûler les objets de culte, fondre les cloches des églises en canons, marier les prêtres, substituer au christianisme le culte de la déesse Raison ! Derrière lui, couchée dans une carriole, une guillotine. Mais la région n'est pas seulement rebelle, elle est obscure : le soir, dans les masures ou dans les champs, les citoyens ont d'étranges pratiques, et dans les églises, les christs de bois saignent parfois. Rien n'y fait : ni les graines d'hellébore, ni la lecture des Hommes illustres de Plutarque - Balthasar aussi perd la tête. Diableries ? A moins que le Représentant de la Raison ne soit atteint par sa propre fureur révolutionnaire... A Sainte-Marie-sur-l'Adour, que Balthasar s'empresse de rebaptiser Rousseau-sur-l'Adour, le seigneur des lieux se cache. Au château, c'est sa fille, Constance, brune, les yeux en fente, qui accueille Balthasar. Sèchement. Pour prix de cette froideur, quand Balthasar fera arrêter le père. Il réclamera, contre sa tête, la vertu de la fille... De l'histoire vraie de son ancêtre Jean-Baptiste Cavaignac, « régicide, chargé en 1793 des Brûlements dans le Sud-Ouest », père de Godefroy, le révolutionnaire de 1832, et de Louis-Eugène, le bourreau de 1848, Elise Fontenaille tire un récit singulier, mêlant aux teintes d'un conte hoffmanien les couleurs d'une chanson de geste, à la gravité tragique d'un temps de Terreur la drôlerie et l'énergie que connaissent bien ses lecteurs.