Le comte Kessler (1868-1937), homme du monde, diplomate, fut une des figures dominantes de la vie politique et intellectuelle allemande entre les deux guerres. Éminence grise du ministère des Affaires étrangères, il assiste, en témoin informé de première main, mais aussi en observateur curieux, aux événements qui bouleversent l'Allemagne. Le climat tragique du Berlin des années 1920 est restitué avec une couleur et une vigueur étonnantes : la Révolution rouge, Spartakus ; l'assassinat de Liebknecht et de Rosa Luxemburg. Kessler ne cache pas ses sympathies pour la gauche ni son aversion pour la bêtise politique de la droite, ce qui est assez surprenant de la part de cet aristocrate, officier de réserve et uhlan de la garde. Il fréquente surtout les milieux intellectuels et artistiques, non seulement de Berlin et de Weimar, mais de toute l'Europe. Il est ou devient l'ami de Hofmannsthal, de Cocteau, de Diaghilev, de Valéry, de Gide.
Ces Cahiers contiennent quantité d'anecdotes amusantes et de portraits d'hommes célèbres, mais aussi beaucoup de jugements d'ordre littéraire ou esthétique qui manifestent en toute occasion un esprit indépendant, lucide et original. Une grande sensibilité aux courants souterrains de l'époque, de la générosité envers tout ce qui est jeune, nouveau, créateur, une perspicacité politique divinatoire qui ne tombe jamais dans le pessimisme facile. Banni par les nazis, Kessler mourut en France, grand Européen témoin du naufrage de l'Europe.
Ces Cahiers contiennent quantité d'anecdotes amusantes et de portraits d'hommes célèbres, mais aussi beaucoup de jugements d'ordre littéraire ou esthétique qui manifestent en toute occasion un esprit indépendant, lucide et original. Une grande sensibilité aux courants souterrains de l'époque, de la générosité envers tout ce qui est jeune, nouveau, créateur, une perspicacité politique divinatoire qui ne tombe jamais dans le pessimisme facile. Banni par les nazis, Kessler mourut en France, grand Européen témoin du naufrage de l'Europe.