Carènes est un embarquement pour le songe, une invite à l'aventure.
Ce roman aurait pu s'appeler De nulle part, parce que Homère ignore d'où il vient. Où est-il né ? A Mytilène ? A Colophon ? Sous un arbre où se dessinait un visage aveugle, en tout cas. De cela, sa mère est certaine. Mais, hormis ce présage, que peut-il savoir ?
A l'époque où, un soir, au bord de la mer, il raconte ses aventures, qui sait écrire ? Ce sont les vagues, les arbres, les nuages, les vents qui tracent les signes, les repères, les voies de chacun. Et la petite Nausicaa, dont il n'oubliera jamais la chevelure rehaussée de pavots sombres, voyait comme lui les dieux tout près d'eux. Il l'a perdue. Il perd Alilat la Petite Dorée, et d'autres aussi. Et il entre dans l'égarement, dans la démence, dans la sauvagerie la plus effroyable. Quelqu'un (un homme ? un dieu ?) le tire de ce sortilège.
Alors, un matin, Homère s'embarque, part loin, haut vers le nord...
De retour des brumes, le voici sur un rivage. Il est aveugle. Mais des images passent devant ses yeux : des scènes, des histoires, d'étranges cérémonies. Sa vie est comme une légende d'autrefois.