Rino Zena et son fils Cristiano vivent dans une plaine trempée de pluie, dans une ville qui pourrait être n’importe où. Si Cristiano est un collégien ordinaire, avec les mêmes passions et faiblesses que tout adolescent, Rino n’est pas un père comme les autres : chômeur alcoolique et profondément fasciste, il vit sous la surveillance des Services Sociaux qui menacent de lui retirer la garde de son fils. Malgré l’amour viscéral qu’il a pour Cristiano, il l’éduque dans la violence et la force brutale. Tous deux luttent pour survivre et pour rester ensemble, avec une sorte de dignité dénaturée, en compagnie de deux étranges amis : Quattro Formaggi, qui a presque perdu la tête après avoir été foudroyé, et Danilo Aprea, quitté par sa femme et très marqué par la mort accidentelle de sa fille. Rino, Danilo et Quattro Formaggi forment un trio de petits malfrats, un clan passionné de camarades qui prend le jeune garçon sous son aile. Un jour, ils décident qu’il est temps d’améliorer leur existence misérable en fracturant un distributeur automatique de billets. Et c’est par une nuit de tempête, que les personnages de cette fable apocalyptique partent pour le casse salvateur. La pluie, les crues du fleuve et la boue qui ravagent cette plaine détrempée vont engluer aussi les personnages. De l’ombre sort alors l’adolescente dont Cristiano est secrètement amoureux, qui va changer à jamais leur destin… Au delà de l’étude de la relation père-fils, Ammaniti dépeint ici une Italie dévastée par la vulgarité et l’abrutissement consumériste, une Italie aux paysages de centres commerciaux et d’entrepôts. Autour, la misère des laissés-pour-compte, la férocité des pauvres explose de manière dévastatrice. La tendresse de l’auteur envers ses personnages imprègne d’une profonde humanité ce roman où cohabitent horreur et humour désenchanté.