C'est l'histoire de la dérive d'un homme ordinaire que sauveront l'amitié et le hasard des rencontres. Quand s'ouvre le livre, Isidore a 51 ans, une vie d'honnête ouvrier désormais au chômage, la fantaisie effacée d'un homme de petite taille coiffé d'un panama d'artiste. Il erre dans Nîmes où il habite. Sans moyens et sans but, il dégringole vite l'échelle sociale et perdra bientôt sa dignité. La chaleur de la féria nîmoise l'étouffe. Il s'attaque à un enfant, ne blessant que lui-même car il tenait son opinel par la lame. Le coup de folie d'un paria qui fut un enfant battu ? Ou le mirage d'un passé où on l'aima pour de vrai ? Placé pour quelques jours chez le riche amant de sa thérapeute, cet homme sans qualités devient l'homme à tout faire. Entre le financier et le chômeur de longue durée, dans la campagne nîmoise, se noue une paradoxale amitié. Ils se protègent l'un l'autre, se découvrant une même solitude dans la misère et dans l'opulence, jusqu'à l'arrivée de Gabrielle, jeune femme aux yeux gris, qui emportera ces deux coeurs avec elle. Isidore, désespéré, raconte l'histoire d'un amour condamné dès l'origine, Gabrielle qui fut jadis dans ses bras, et nous voilà revenu au début du roman ! Qu'est-ce qu'un héros ? « Résister à la solitude, garder son mystère, c'est ça l'héroïsme. Vous ne tenez pas beaucoup de place mais vous êtes un petit coffre d'acier, fermé à quadruple tour, avec les clés à l'intérieur » dit-on d'Isidore, cet homme que le destin n'épargne guère. Jean-Pierre Milovanoff, en rupture avec les légendes familiales qu'il aime raconter, analyse les rapports clairs-obscurs entre trois personnages, deux hommes, une femme : un désir triangulaire. Il dépeint aussi nôtre époque qui laisse sur le carreau ceux qui ne se battent pas. Isidore, anti-héros de notre temps.