Pourquoi écrit-on un roman ? Parce que l'on ne peut pas s'en empêcher. Nul acte n'est plus impératif. Pourquoi lit-on un roman ? Parce que l'on vous a dit de le lire, parce que d'autres le lisent : nul acte n'est plus gratuit. Pourquoi publie-t-on un roman ? Si le livre est de Jean-Pierre Giraudoux, pour grandes que soient les vertus qu'il lui trouve, l'éditeur pervers est certain à l'avance que, devant ce qui apparaît une cabale du silence, la vente se limitera à un nombre dérisoire d'exemplaires. Nul acte n'est plus co-teux.
Parce qu'il ne savoure le pornographique, l'abscons et le vulgaire qu'à doses homéopathiques, Jean-Pierre Giraudoux exècre pour une bonne part la littérature contemporaine. Mais il ne tient que peu rigueur à ceux qui la fabriquent - auteurs prostitués et critiques maquereaux, tous sont ingénus et il en est de délicieux - cependant ces derniers ont l'air de ne point accepter qu'il récuse leur jeu.
L'auteur de Fuites s'amuse à penser que, lorsqu'ils seront morts - il leur souhaite une agonie consciencieuse à remords, puis, après rédemption, le paradis qu'ils n'ont pas mérité - lui et son oeuvre existeront encore pour l'exaspérante et lumineuse raison que les générations futures auront la curiosité de connaître le fils de Jean Giraudoux : sans doute s'étonneront-elles que le rejeton d'un des génies de l'écriture universelle n'ait pas été plus abruti par l'humeur d'une époque dont elles se gausseront et qu'il ait peut-être hérité, les inversant, quelques-unes des qualités de son père.
Fuites est le contraire d'une fuite mais à travers un récit psychologique, une attaque politique de quelque imagination, d'une grande violence, d'une grande passion contre les trois maux où croupit le monde contemporain : le snobisme, le gaspillage et surtout la laideur.
Puisse le lecteur, dont l'âme est encore saine, ne pas laisser à ses arrière-petits-enfants le soin de découvrir cet essai romanesque - où tour à tour huit héroïnes aident le héros à la méditation - et d'en être, à titre rétroactif, inspirés. Puisse-t-il, toutes affaires cessantes, tenter de décider si le petit livre jaune de Jean-Pierre Giraudoux, inséré naïvement dans le temps d'aujourd'hui, est l'histoire d'une défaite ou celle d'une victoire.
Sosthène des Presqueuses
Parce qu'il ne savoure le pornographique, l'abscons et le vulgaire qu'à doses homéopathiques, Jean-Pierre Giraudoux exècre pour une bonne part la littérature contemporaine. Mais il ne tient que peu rigueur à ceux qui la fabriquent - auteurs prostitués et critiques maquereaux, tous sont ingénus et il en est de délicieux - cependant ces derniers ont l'air de ne point accepter qu'il récuse leur jeu.
L'auteur de Fuites s'amuse à penser que, lorsqu'ils seront morts - il leur souhaite une agonie consciencieuse à remords, puis, après rédemption, le paradis qu'ils n'ont pas mérité - lui et son oeuvre existeront encore pour l'exaspérante et lumineuse raison que les générations futures auront la curiosité de connaître le fils de Jean Giraudoux : sans doute s'étonneront-elles que le rejeton d'un des génies de l'écriture universelle n'ait pas été plus abruti par l'humeur d'une époque dont elles se gausseront et qu'il ait peut-être hérité, les inversant, quelques-unes des qualités de son père.
Fuites est le contraire d'une fuite mais à travers un récit psychologique, une attaque politique de quelque imagination, d'une grande violence, d'une grande passion contre les trois maux où croupit le monde contemporain : le snobisme, le gaspillage et surtout la laideur.
Puisse le lecteur, dont l'âme est encore saine, ne pas laisser à ses arrière-petits-enfants le soin de découvrir cet essai romanesque - où tour à tour huit héroïnes aident le héros à la méditation - et d'en être, à titre rétroactif, inspirés. Puisse-t-il, toutes affaires cessantes, tenter de décider si le petit livre jaune de Jean-Pierre Giraudoux, inséré naïvement dans le temps d'aujourd'hui, est l'histoire d'une défaite ou celle d'une victoire.
Sosthène des Presqueuses