Paul Quinio, 35 ans, est journaliste au service politique de Libération. Christian Losson, 35 ans également, suit l'économie internationale au sein du même journal. De Seattle à Gênes, en passant par Prague, Millau, Porto Alegre, Washington, Québec, Nice, ou Davos, ils ont fait l'actualité. Plus un sommet international ne peut se faire à l'abri de leurs cortèges théâtraux ou de leur « action directe ». Leur cible : la mondialisation libérale, impulsée, selon eux, par le G7, relayé par les institutions financières, et favorisant les multinationales. Qui sont donc ces nouveaux contestataires, qui mettent sur les rails ce que d'aucuns appellent un nouveau mai 68, mais à l'échelle planétaire cette fois-ci ? Des militants de toujours, des héritiers du « gauchisme ». Mais pas seulement. Des néoradicaux, des jeunes en mal d'engagement ; déçus de l'action politique traditionnelle, dans laquelle ils ne se retrouvent plus et dont une minorité revendique la résistance active parfois violente. Des paysans, qui, nouveauté, tentent de former une internationale d'un nouveau genre, au nom de la souveraineté alimentaire. Des militants des droits de l'homme, des défenseurs de l'environnement ou des activistes de l'action humanitaire qui se battent pour davantage de démocratie, de justice et d'égalité. On les appelle, par commodités, des antimondialisations, voire des antimondialistes. Mais la plupart des acteurs de cette « société civile globale » se veulent mondialistes. Et plaident pour une annulation de la dette du tiers monde, la mise en place d'une taxe Tobin, ou davantage de démocratie participative. S'ils sont « nés » médiatiquement à l'occasion de la conférence de Seattle, fin, 1999, beaucoup de ces contestataires, soutenus par des experts d'un nouveau genre, avaient tissé bien avant, via internet, une toile d'araignée. Il n'y a pas donc de génération Seattle, encore moins de génération spontanée. Mais un maillage, une mise en réseau d'association, d'organisation non gouvernementale (ONG), et de think tanks (institut de réflexion) à travers des campagnes ou des journées d'action. Ce livre ne se veut pas une histoire chronologique « du mouvement global ». A travers plus d'une centaine d'entretiens réalisés dans le monde, il photographie une nébuleuse impressionniste.