S’il est une passion à laquelle Georges Mandel sacrifia toute sa vie, c’est bien la politique. Ce fut, pour cet homme illustre et énigmatique, une passion sans partage, dévorante, destructrice. Il y perdit sans doute son existence, mais il y gagna son destin. A l’heure où d’aucuns, ici ou là, croient devoir réduire la part de noblesse et d’abnégation qui s’attache au service de la « chose publique », il n’était peut-être pas inutile de ressusciter, en conséquence, la figure – voire la légende – de ce grand ministre. C’est à cette entreprise que Nicolas Sarkozy a voulu consacrer son livre. On y retrouvera, bien sûr, le Georges Mandel qui fut l’intime collaborateur de Clémenceau. On y retrouvera l’homme aux cols durs, aux rancunes tenaces, aux convictions sans faille, qui, dans les années trente, essaya – contre des adversaires qui ne l’épargnèrent jamais – de moderniser la France et sa démocratie. On l’y suivra enfin dans son parcours singulier, tout de ferveur et de pragmatisme, jusqu’à son assassinat en 1944. Mais par-delà les rigueurs de cette biographie, ne faut-il pas entendre, dans ce livre, l’hommage qu’un homme politique d’aujourd’hui veut rendre à un homme politique d’hier ?