De ses nombreux et long sejours dans la region, Boris Eisenbaum a acquis une pratique de l'Asie centrale, une connaissance des acteurs locaux et internationaux et des enjeux politiques, economiques et sociaux d'une partie du monde qui reste encore une terra incognita. Ce livre est le fruit d'une reflexion qui a été nourrie par l'expérience du terrain. Le « Grand Jeu » : c'est ainsi que Kipling qualifia la rivalité entre la Russie impériale et la Grande Bretagne pour le contrôle de l'Asie centrale, véritable partie d'échec, jouée « play », qui s'acheva officiellement en 1907, quand Saint-Pétersbourg et Londres parvinrent à un compromis. L'Asie centrale passait sous contrôle russe ; l'Afghanistan était institué en « Etat tampon » entre les Indes britanniques et les nouvelles possessions du Tsar ; l'Inde était partagé entre une zone d'influence russe, au nord, et anglaise, au sud... La partie d'échec pouvait continuer. Les attentats du 11 septembre 2001 ont remis cette zone fragile et stratégique au coeur de la géopolitique nouvelle. Ex-pré carré russe, puis soviétique, région jamais apaisée... Le Grand Jeu actuel entre les USA, la Russie, la Chine et l'Iran est bien l'héritier de celui qui se déroula durant la deuxième moitié du XIXe siècle, que nous conte avec talent et vigueur Boris Eisenbaum. Le livre relate la translation du premier Grand Jeu au second. Il nous donne aussi à voir les enjeux d'une zone sismique contemporaine.