« Gun » au poing, figure du féminisme radical à la Virginie Despentes, Raffaëla Anderson mettait une rage particulière à incarner Manu dans Baise-moi, le film. Pourquoi ? Quand on a lu Hard, on le comprend mieux. En 1994, une jeune fille de dix-huit ans, née dans les banlieues chaudes de Paris, encore vierge, répond à un casting. Elle croit gagner facilement 2 000 francs par jour de tournage et de fait elle les gagnera ! Mais ce qu'elle ne savait pas, c'est que pour devenir une star du X, il fallait tout accepter... Pour la première fois, sans aucune complaisance, avec la brutalité d'une caméra subjective, le récit d'une « hardeuse » de moins de 20 ans brise l'omerta du X. C'est un texte violent, précis, dénué d'approximations psychologiques. Acrobaties sexuelles, certes, mais abattage du travail à la chaîne. Salaires faciles, certes, mais peur omniprésente du Sida et de la drogue. Cinéma, oui, mais de quel genre ? On visite, au rythme de l'énergique Raffaëla, en phrases dites sans reprendre le souffle, les sales coulisses de l'exploit. Visage moderne de l'aliénation, la pornographie dissimule l'absolu mépris du corps, la vente et l'achat de filles, l'indifférence, la compétition, la drogue...