C’est Jean Cocteau qui fut à l’origine de la publication de J’adore en 1928. Il retrouvait dans ce collier de textes ce qui brillait tant chez son amant terrible : une sincérité et un abandon scandaleux. Jean Desbordes (1906-1944) vouait une passion charnelle à la campagne, ses nuances de paysages, ses odeurs, sa faune, ses bruits, son calme maternel, mais chez lui, le bucolisme se double d’une célébration (voire d’un dérèglement) de tous les sens. Elégiaque et frondeur, il prie puis il exulte. A l’image de son auteur, cet ouvrage est passé comme une comète sensuelle dans le ciel de la littérature française. « L’innocence est dans le désir. La passion humaine sur terre exige un équivalent de pureté au ciel, et quand on aime ici on plaît là-haut. » Dieu est partout dans J’adore, mais c’est un dieu insolent et intime.