Ce Journal consigne, d’octobre à décembre 1916, l’expérience de l’auteur, alors médecin dans l’armée allemande, parti de la baie de Somme pour rejoindre le front roumain avec son régiment. Aux vies anonymes, aux chairs à canon, Carossa rend mystère et profondeur. Face à l’horreur, il sauve la beauté d’un geste, l’éclair d’un visage, la teinte d’un ciel. Multipliant les points de vue, il glisse du reportage à la prière, de la chronique au portrait, coupant son récit de songes arrachés à la nuit du front. Dans « ces heures angoissantes où la vie et la mort s’unissent étroitement », il capte l’instant où « chacun se met à parler sa propre parole ». Et ces paroles se gravent dans la pierre d’un livre, monument de dignité.