Robert Sutton tient un pressing à Loughborough Junction, quartier pauvre, populaire et multiethnique du sud de Londres. Après quarante années à laver et repasser toutes les chemises et les robes du voisinage, il a décidé de prendre sa retraite et de vendre sa boutique. C’est un jeune Anglais d’origine pakistanaise, Akeel, qui répond à sa petite annonce. Ce n’est pas que Robert soit raciste, mais disons que ce n’est pas vraiment le genre d’héritier qu’il avait en tête… Cependant Akeel, jeune marié, est un garçon sérieux, poli, intelligent et ambitieux ; Robert met donc de côté ses préventions et l’engage comme apprenti à l’essai. Une année durant, les deux hommes que tout oppose vont se côtoyer, s’apprivoiser et, de méfiance en confidences, nouer une amitié singulière, toute en non-dits et timidité virile. Pendant ce temps, autour d’eux, Londres palpite, vit et vibre : deux clochards beckettiens, une jeune fille au pair amoureuse de son employeur, une vieille dame sénile incapable de retrouver le chemin de chez elle, un poète jamaïcain ayant élu domicile dans un bus, un prof de danse noir et gay, un père de famille dealer et factotum de la mafia locale. Derrière le comptoir du pressing, Robert et Akeel observent en devisant cette étourdissante ronde de jour. Et Robert se demande s’il livrera à son jeune successeur la clé de la « chambre des vies oubliées », cette pièce à l’étage où il conserve ses secrets, parfois inavouables – et ceux des autres…