Enfant en Polynésie, adolescent à Madagascar, puis locataire à l'année d'une chambre d'hôtel parisien, Jean-Luc Coatalem a toujours aimé les voyages, fussent-ils immobiles. Devenu journaliste, il a aussi sillonné le monde, happé par un désir de voir autant que par une furieuse envie d'échapper, de recommencer. Ce récit faussement autobiographique, qui oscille entre humour et poésie, propose, au-delà d'un éloge du déplacement et de la découverte, une quête de ces hautes clairières où se mêlent le réel et l'imaginaire. Le Pékin mystérieux de Victor Segalen, les Marquises sublimées de Stevenson, l'île de Robinson, la Bretagne immémoriale et l'improbable rocher de Pitcairn, l'histoire d'une graine magique ou d'un aïeul subjugué par l'Indochine, autant de pistes et de traces que remonte notre auteur. Ici, la lumière d'une rencontre au hasard d'un chemin d'Ombrie ; là, dans un taxi goanais qui brimbale, le charme d'une jeune indienne entrevue. Là encore, une navigation hypnotique vers le grand Nord et ses bleus icebergs. Mais ce récit joue admirablement avec les illusions, les chausses-trappes, les feintes et les déceptions du déplacement : le leurre du voyage. L'ailleurs devient systématiquement un ici dès que l'on y a posé le pied. Où est donc, dès lors, le vrai voyage ? Où commence le bout du monde ? Où aller pour se perdre ? Sous la plume de Coatalem, chaque aller-retour devient un multiplicateur de soi. Chaque aventure, une autre facette du même voyageur, révélé autant que consolé par la géographie. Avec son récit ému, Jean-Luc Coatalem signe un surprenant anti-guide de voyage.