Est-elle folle ou lucide, cette Irène âgée de vingt-huit ans qui toute une nuit doit raconter sa vie pour échapper à la sentence, et au poids des crimes du passé ? N'aurait-elle pas, en effet, commis un crime ? Et d'ailleurs, est-il possible de rien oublier du récit de sa vie, quand chaque souvenir coule douloureusement de la mémoire comme d'une éponge de sang ? Qu'avons-nous à notre disposition pour nous faire entendre, pour rejoindre les autres, si ce ne sont les mots, les gestes, et les nervures de la peau ? Le roman de Lorette Nobécourt est un monologue porté par le rythme de l'écriture, une invocation, une leçon de désespoir et en même temps une leçon de vie. C'est une voix dans la nuit, une voix rauque, liquide, cassée, houleuse, charnelle, tendre, folle, exaspérée, une voix affamée de rouge et de sang, irriguée de jouissance et de pluie, qui dit les détails infiniment émouvants qui sauvent l'humain en nous. Quand Irène a vidé son sac de paroles, épuisée, il reste encore un peu de jour et d'autres mots encore.