François Léotard est l'homme politique que l'on sait (ancien ministre, président du groupe UDF, ancien député etc...). Il est aussi un écrivain, auteur chez Grasset de Pour l'honneur (1997) et de Je vous hais tous avec douceur (2000). Il vient d'occuper le poste de représentant de l'Europe en Macédoine. « Parfois, les gens ne voient pas la couleur des femmes. Moi je vois tout de suite, dans les rues, les escaliers, le métro, cet arc-en-ciel. Sonia, elle était brune. Tout était brun chez elle. Les yeux, les mains, les seins. La musique qu'elle cachait en elle. » David, éternel étudiant, auteur d'un livre inachevé sur les femmes dans la littérature (« des femmes écrites mais jamais décrites »), fils d'un rabbin déporté en 1942, tombe amoureux de Sonia, une jeune violoniste palestinienne : tout son contraire. Quel avenir ont-ils ? Le juif rebelle, qui n'appartient à aucune tribu, et la palestinienne à la fois solaire et ombreuse, reliée en permanence à une famille éclatée qui vit entre Beyrouth et Le Caire, vont s'aimer contre toutes les lois. Ils se nourrissent de variations des Goldberg de Bach et de nuits blanches. Jusqu'au jour où Sonia quitte David brutalement. Tout vacille alors chez cet homme inquiet, cet amateur de mots, de grammaire, de sons, à l'univers stable. Il découvre les vibrato d'une famille arabe, la soeur Leïla - qu'il aimera follement - le frère Nabil, emprisonné en Israël. Une Palestine d'ocre et de sang, de poussière et de sueur, un territoire autre qui deviendra peu à peu une partie de lui-même. Mais comme rejoignant la tragédie dont il est issue, l'utopie de son amour pour une palestinienne va se défaire dans le sang. François Léotard, dont on sait le goût véritable pour les mots, écrit son premier roman entre émotion et réflexion. S'il brise parfois ce flacon de larmes qu'est le personnage de David, dont la beauté ressemble au chagrin, l'auteur n'en oublie pas les thèmes qui traversent ce livre émouvant : l'harmonie de Bach contre la brutalité du monde. L'exil des palestiniens, la diaspora des juifs. L'injustice, la réparation, le partage. Mais, aussi, la beauté d'un corps brun dans la nuit ouverte. La couleur des femmes.