On n'avait pas vraiment de nouvelles de Berthe Bovary, depuis la mort de son père. A cette époque, Flaubert l'avait expédiée en trois lignes à la fin de son roman et, peu après, sa tante l'envoyait, "pour gagner sa vie, dans une filature de coton". Retrouver la petite orpheline vingt ans après, qui pousse la porte de la pharmacie de monsieur Homais, ça fait un choc. Elle a trente ans, elle est habillée comme une dame. Elle n'était jamais revenue à Yonville. La voici sur les traces de son enfance. Elle va apprendre la vérité sur la mort de sa mère, la fameuse Madame Bovary, qui jamais ne prit de l'arsenic pour du sucre en poudre. Après avoir raconté, dans l'arrière-boutique des Homais, comment tourna court son merveilleux mariage, comment s'éventra son gros lot (celui que sa mère avait espéré pour elle-même lors de ses longs rêves frustrés) la revenante part à la rencontre de ses paysages enfouis, de ses souvenirs troués et de quelques fantômes. Née de cette mère et dans ce Yonville-là, Berthe peut-elle espérer devenir une femme heureuse ? Peut-elle acquérir l'envie d'accompagner en riant la fin de siècle et ses triomphes? Berthe boira la liqueur-maison jusqu'à la lie, de Homais le pharmacien à Félicité la petite servante, de Rodolphe à Léon, les amants médiocres. Venue en diligence, elle repartira en train. Pour quelle destination ? Pour quelle courte destinée ?