La guerre à neuf ans Olympien témoin de l'Histoire, à l'âge où d'ordinaire on l'apprend à l'école, cet enfant précoce traverse un monde bouleversé, incohérent, fantomatique, avec la sérénité des sages, et semble en avoir conservé le sens profond de sa dérisoire frivolité. Saint-Simon en culotte courte, il sait tout voir avec le sérieux candide d'un gosse qui ne s'étonne de rien, et ce regard aigu, à la fois sévère et naïf, dont les adultes perdent trop vite le secret. Dans ces Mémoires insolites, on découvrira un caractère et la tendre insolence d'un talent vrai, qui avait à raconter sa vérité d'enfant, et celle de l'homme qu'il est devenu. Elles sont du reste indissociables, car Pascal Jardin a raison de dire que « l'enfance, on ne s'en remet pas ». Guerre après guerre Alain Delon en casseur de quatre-chevaux sous le tunnel de Saint-Cloud, les travestis de l'Alcazar, Berl et la mort de Drieu, Morand pêchant sur le lac de Genève, Audiard dans sa Ferrari et Gabin devant son cassoulet... Voici les Mémoires princiers et désinvoltes d'un homme qui totalisait en 1972, à trente-huit ans, plus de cent dialogues de films, quatre enfants, deux mariages et dix-neuf voitures rapides. Et qui mourut un jour d'été 1980, d'avoir brûlé sa vie, âcre et rougeoyante, comme une cigarette dans la nuit.