Y aurait-il donc une « Affaire Polanski » comme il y eut une « Affaire Dreyfus »? Beaucoup dont Yann Moix, le croient. Tandis que d’autres, plus nombreux, semble-t-il, s’indignent d’une telle comparaison… D’où ce livre qui, a n’en pas douter, fera débat. La thèse ? D’un côté, on le sait, ceux qui disent à juste titre que tout crime ou délit mérite son jugement et sa sanction. Qu’il n’y a pas une loi pour les « élites » et une loi pour les « obscurs ». Dont acte- puisque telle est la règle démocratique. Face à ceux-là, Moix fait simplement observer que « l’Affaire Polanski » serait enterrée depuis longtemps si Polanski avait été un « Monsieur tout- le- monde ». Au nom de la règle démocratique, on en arriverait donc à trouver naturel qu’il y ait des lois (d’exception) pour un homme célèbre, et un droit à l’oubli pour les autres... C’est contre ce fait que Moix s’emporte et s’indigne. Au passage, bien sûr, il entre dans les détails de « l’Affaire » : le retrait de plainte de la victime ; l’arrangement financier ; le rôle de la mère de la victime ; l’attitude pour le moins étrange du gouvernement suisse ; le fait que Polanski, en trente ans, n’ait jamais « récidivé » ; le rôle des juges (élus) aux Etats-Unis. Du coup, il en vient à décrire notre époque, où l’idéologie égalitariste instille une haine particulière du talent, de la singularité. Selon Moix, « la meute » veut immoler (tout en les adorant) ses idoles. Il faut qu’elles soient punies. Freud n’avait pas démontré autre chose dans Totem et Tabou.