Voyageur de la verticale, Lionel Daudet ne reste pas longtemps immobile. Il vient de boucler une expédition de plusieurs centaines de kilomètres sur la ligne de crêtes de l'Oisans, alors qu'il se remet à peine d'une amputation de huit orteils gelés ! Alpiniste original, Lionel Daudet s'est taillé une réputation à part, à base d'intransigeance, d'autonomie et de quasi-fusion avec l'environnement, même le plus hostile. Intransigeance parce qu'il grimpe sans moyens de communication avec l'extérieur, ni radio, ni téléphone. Sans aide mécanique, pour se déplacer entre deux sommets, il a le choix entre le vélo, le ski ou les raquettes... Autonomie, parce qu'il choisit un chemin d'escalade bien à lui, quitte à renoncer s'il le faut à l'exploit technique, sans esbroufe, portant seul son matériel. Quasi-fusion avec la nature, car il est capable de se fondre dans le blanc de la neige ou de rester suspendu des jours entiers au creux d'une faille. Ce n'est donc pas seulement le témoignage d'un surdoué de l'odyssée verticale que nous allons lire, mais aussi la méditation d'un homme qui a su trouver de la joie jusque dans la douleur. Il raconte ici trois expéditions hors du commun : Une ascension au Sud du Groenland, le mont Combatant en Colombie Britannique, la trilogie des Grandes Jorasses. Joie d'atteindre le sommet mais douleur aussi de l'effort. Joie d'être seul mais douleur de perdre huit orteils en février 2002 dans la face Nord du Cervin, alors qu'il était recroquevillé dans son duvet glacé, depuis neuf jours. C'est aussi le carnet de notes d'un sage qui devient roche, vent ou neige, d'un solitaire placé dans des conditions extrêmes.