Quel serait le combat le plus difficile à remporter pour un boxeur aussi doué que Monshipour ? Celui qu'il perdit en 2006, abandonnant en sueur et en sang le titre de champion du monde des super-coq à un thaïlandais aussi résistant qu' « un bout de bois » ? Le vrai courage ne consiste-t-il pas à affronter ses démons intérieurs, ses ennemis intimes ? On pourrait raconter, et ce serait déjà suffisant, l'histoire de cet enfant sage né en 1975 à Téhéran d'un père vice-préfet de la police, qui l'éleva seul sous un régime qui n'encourageait guère les libertés individuelles, puis de son arrivée à Poitiers chez l'une de ses tantes, âgé de 11 ans, ne parlant pas un mot de français?On pourrait brosser la fresque d'un gamin accrocheur qui réalisa son rêve, surnommé « Little Tyson », champion de France, puis d'Europe, enfin du Monde ! Mais il ne s'agit pas ici que de boxe et de rage, de combats dans la lumière et d'apprentissage dans l'ombre. Bien sûr, Mahyar raconte les coulisses pas toujours glorieuses du boxing business et l'envers du rêve, la vie de forain dans les parkings, les hôtels blafards, les petits boulots, la frénésie de vaincre. Son vrai combat reste celui qu'il remporte contre lui-même en retrouvant sa mère, Shahine (originaire du Kurdistan), qu'il n'avait jamais connue : cet iranien si fier dêtre français, marié à une psychologue, exemplaire dans l'intégration, accomplit son chemin vers les siens. Sa quête des origines le mène en 2006 en Iran : cette mère usée par la vie qui fut longtemps une chimère intime, le réconcilie avec lui-même.