Une gauche qui, au nom du passé colonial de la France, devient antisioniste. Parfois antisémite. Et finit même par soutenir sans réserve les islamistes. Des féministes qui défendent le voile au nom de la liberté des femmes, ou qui traitent d'autres féministes de « racistes » parce qu'elles refusent de militer pour un « féminisme avec l'islam ». Des altermondialistes qui, parce qu'ils haïssent Bush et l'Amérique, forment des collectifs avec les prêcheurs de haine. De la Conférence de Durban à la pétition des « indigènes de la République » en passant par le débat sur les signes religieux à l'école et les forums sociaux européens de Londres (où l'un des responsables d'ATTAC se fit huer pour avoir défendu la laïcité à la française), la gauche associative a perdu tous ses repères. Au nom des mêmes valeurs et des mêmes mots, au nom du féminisme, de la laïcité, de l'égalité, du progrès, au nom de l'anti-racisme, deux gauches s'opposent aujourd'hui. Jusqu'à ne plus se reconnaître. Jusqu'à ne plus participer aux mêmes manifestations. Jusqu'à se haïr. Jusqu'à reconsidérer une histoire qui traverse le vingtième siècle. Caroline Fourest, engagée depuis toujours contre les extrémismes (Front National, homophobie, racisme, antisémitisme), à travers ses livres, et sa revue ProChoix, est au c½ur de ce débat. Les associations avec qui elle militait hier pour le PaCS et contre les intégristes chrétiens... sont parfois aujourd'hui pour le voile et aux côtés des intégristes musulmans. Elle refuse ce piège. Elle pense qu'on peut être laïque et tolérant. Préférer une femme libre à une femme en burqa. Sans pour autant être « islamophobe » ou pro-Bush. Comme semble le penser une certaine gauche aveugle au point de rejouer la complainte des « idiots utiles ». Inlassablement et selon la méthode éprouvée de son Frère Tariq, Caroline Fourest se fait pédagogue et pamphlétaire. Elle cite, enquête, contredit, récuse : pour qu'une certaine gauche renonce à cette nouvelle tentation totalitaire.