En décembre 1801, le poète allemand Frédéric Hölderlin quitte le sud de l'Allemagne pour se rendre à Bordeaux chez le consul Meyer. Il a trente et un ans, il est célèbre. Lorsqu'il revient en Allemagne, en juillet 1802, c'est un homme méconnaissable, qui va s'enfoncer dans la folie, jusqu'à sa mort en 1843. Que s'est-il donc passé au cours de ce voyage capital ? Sans doute une grande désillusion politique, puisque la France de la Révolution devient, sous ses yeux, un pays remis en ordre par le Premier consul Bonaparte. La mort aussi de Suzette Gontard, l'amour de sa vie, ainsi que l'éloignement de ses deux meilleurs amis, Hegel et Schelling. Que reste-t-il ? Un homme seul qui traverse l'Auvergne, à pied, dans la neige. "J'ai pris quelques libertés en écrivant ce récit de voyage", précise Jacques-Pierre Amette, "notamment celle d'inventer une jeune femme amoureuse, cette Suzanne que j'ai faite lingère, à l'Hôtel du Commerce à Lyon... Simplement, avec ferveur, ai-je voulu comprendre l'incomparable, et en écrivant un voyage qui fut, pour lui, son adieu à la raison, vivre plus intimement avec lui.".