Pourquoi, dans un monde en pleine mutation, le modèle politique de la gauche resterait-il seul immuable ? Au nom de quoi continuer à vouloir construire un socialisme "véritable" - jamais défini -, alors même que du socialisme réel tant d'hommes cherchent à sortir ? Mieux vaut prendre acte que le socialisme n'appartient ni au présent ni à l'avenir, mais au passé. Il fut, sans nul doute, la meilleure expression du mouvement ouvrier dans la société industrielle capitaliste ; mais il se décompose quand apparaît la société post-industrielle, et se pervertit lorsqu'il devient l'idéologie d'un Etat industrialisateur. Il faut repartir de l'analyse des faits sociaux : quels mouvements sociaux prennent aujourd'hui la place centrale qui fut celle du mouvement ouvrier ? Quels sont leurs véritables adversaires ? Quelles formes d'initiative politique doivent remplacer les programmes de partis qui ne visent plus qu'au renforcement de l'Etat ? Par là seulement on libérera la gauche vivante des formes politiques et idéologiques mortes. L'espoir n'a pas d'autre chemin, car nous sommes déjà dans l'après-socialisme.