« Parfois les apocalypses sont de fer et de sang, forgées par les images, comme ce fut le cas le 11 septembre 2001. Nul n’a oublié cette décennie de « guerre sans fin », de Madrid à Londres, des grottes de Tora Bora aux grandes villes du Pakistan. Parfois ces apocalypses n’existent pas, et soudain, les voici devant nous, désordonnées, follement ressemblantes, telle une flamme courant de pays en pays, avec d’autres images, d’autres corps égorgés, d’autres présidents, d’autres combattants inconnus… Le Moyen Orient semble se désagréger, d’un coup, dans la haine et la fermeture au monde. Est-ce l’Islam dans sa pire radicalité ? Est-ce la haine de l’Occident, qui n’est pourtant plus incarné par Georges Bush ? Est-ce l’anarchie totale d’une région en déséquilibre depuis longtemps ? Ou bien est-ce l’instant de la grande reconfiguration ?
Cette dernière menace – incarnée par l’Etat islamique, transnational et d’une ambition illimitée - vient sans doute clore un cycle : tout semble détruit et angoissant, mais la fabrique de l’histoire est à l’œuvre : l’hésitation de l’Amérique ; la force de l’arc chiite ; le nouvel Iran et la nouvelle Egypte ; le jeu des grands voisins, Arabie saoudite, Turquie, Jordanie ; la prétendue guerre sans hommes... A la fin du compte, la question est de savoir si nous assistons à la naissance d’une plateforme insurrectionnelle à l’échelle d’un continent ou bien au contraire au dernier spasme d’un mouvement meurtrier. »
A.A.