L'intrigue de ce livre se résume à cette interrogation : Arbogast a-t-il tué Marie ? Lui est représentant en billard américain. Une auto-stoppeuse l'arrête sur le bord de la route. Elle est jeune et jolie, et le provoque. Ils s'aiment, s'étreignent avec ardeur, et soudain Marie tombe inerte dans les bras d'Arbogast. Elle est morte. Nous sommes en 1953, c'est l'Allemagne de l'après-guerre. L'autopsie faite à la va-vite conclut à un arrêt du coeur et relève des traces de meurtrissures sur le cou et sur tout le corps. Arbogast est arrêté, accusé de crime sadique et mal défendu, il est condamné à la prison à perpétuité. Pourtant, il est certain de ne pas avoir tué Marie et pendant 14 ans, il clame son innocence. L'Allemagne a changé. 1968 est passé par-là quand on lui conseille d'écrire à un journaliste suisse (Fritz Sarrazin) spécialisé dans les erreurs judiciaires. Un comité de défense s'organise avec l'avocat Ansgar Klein et une jeune médecin légiste, Katja Lavans. C'est son expertise qui prouve que des ecchymoses peuvent se produire post-mortem qui fait acquitter Arbogast. Et pourtant ! Quelle idée saugrenue a Katja, la veille du procès définitif, de partir dans la voiture du " crime " conduite par Arbogast et de faire l'amour avec le " criminel " ? Elle manque de mourir étranglée et s'enfuit. Arbogast ne s'est rendu compte de rien et la légiste le fera quand même acquitter. Le pivot de ce livre est l'étrange initiative d'une légiste habituée à chercher la vérité dans des cadavres, habituée au language véridique de la mort qui se dit que les corps parleraient mieux que police, juges et avocats qui risque son propre corps bien vivant dans l'expérience. Par-dessus les lois de la science et de la logique, elle sait que les frontières de la vie et de la mort, par moments, ne sont plus tellement distinctes.