Le début du Conservateur (le cadavre d’un Noir trouvé dans la propriété agricole d’un industriel blanc nommé Mehring) ressemble à un fait divers, mais c’est encore l’occasion pour Nadine Gordimer, prix Nobel de littérature en 1991, de développer une analyse spectrale de l’histoire et des mentalités de son pays. Mehring est un pur produit de la société blanche sud-africaine des années 60-70, un homme par qui la politique de l’apartheid se perpétue, à bout de souffle. A l’image d’un système schizophrénique, Mehring va sombrer sous le poids de sa propre histoire, de ses contradictions, de sa vacuité. Il verra son fils rebelle et sa maîtresse gauchiste s’éloigner de lui et le laisser avec ses fantômes. Ce roman, parmi les plus élaborés et les plus poétiques de Gordimer, a obtenu le Booker Prize en 1974. On y retrouve l’un de ses thèmes favoris : la bonne conscience, les mensonges qui aident certains à vivre et qui forcent d’autres à mourir. Bat