Le débat est déjà rituel : les uns dénoncent dans l'écologie la résurgence archaïque du gauchisme, voire du fascisme des années trente. D'autres y décèlent en revanche un de ces "grands desseins" novateurs qui font si cruellement défaut aux partis traditionnels. Mais que sait-on, au juste, des arrière-fonds idéologiques de l'écologie ? Qui se souvient encore du contexte intellectuel dans lequel l'Allemagne nazie élabora les premières grandes législations sur la protection de la nature (1935) et des animaux (1933) ? Quels sont, aujourd'hui même, les motifs philosophiques et politiques des courants fondamentalistes qui, aux Etats-Unis et en Europe du Nord, exigent avec le plus grand sérieux un droit des arbres, des îles et des montagnes ? Pourquoi leurs revendications prennent-elles la forme d'un antimodernisme radical, d'une "déconstruction de l'Occident en déclin" ? Quels sont les arguments développés en faveur d'un droit des bêtes par les millions de sympathisants du "mouvement de libération animale" ? Questions cruciales s'il ne s'agit pas de plaider contre une éthique de l'environnement, mais bien pour son alliance avec la démocratie.