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Le papier ne peut pas envelopper la braise

Rithy Panh, Louise Lorentz

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« Dans un pays qui a subi des décennies de guerre, le signe évident de la fêlure sociale apparaît dans l'exploitation économique et politique du corps » écrit Rithy Panh dans son avant-propos. Aun Tauch, Da, Mab, Phirom, Môm : elles sont des dizaines, dans le Building blanc, au centre de Phnom Penh, à travailler chaque soir sous la surveillance d'un « placeur » chargé de rabattre les clients. De très jeunes femmes, prostituées dès l'adolescence, venues de la campagne vendre à la capitale leur virginité, pour nourrir leur famille. Très vite, le peu d'argent auquel elles ont droit sert à rembourser les dettes contractées auprès de leurs patrons, qui les tiennent ainsi prisonnières, et à acheter le mâ, cette drogue à base d'amphétamines qui leur permet de tenir. Tel une caméra invisible, Rithy Panh montre « ces fragments de vie pour dire le désastre anonyme de près de 30 000 femmes au Cambodge ». Misère matérielle et affective, sida, avortements à répétition, honte, mais aussi chants et rires, disputes et bavardages sans fin, confidences, joie des retrouvailles avec l'enfant, car elles sont parfois mères, espoir d'une existence autre témoignent de leur vie quotidienne. Leurs voix, au travers des destins singuliers de chacune, racontent une histoire féminine collective, qui reflète la tragédie d'un pays meurtri.

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