Quelques semaines avant sa mort, à Florence, Machiavel est surpris par la peste. La ville est comme son tombeau. Derrière les palissades, on vit dans la peur, on abandonne ses enfants, on vole du pain gris, on se lave au vinaigre. En quelques heures, l’humanité s’effondre. Sur les bords du fleuve, un prophète réclame des bûchers. Une sorcière tombe en transe. Etrange enfer que cette ville somptueuse, encerclée par les soldats, où se multiplient les meurtres et les viols… Tel est le piège dans lequel se trouve pris le grand penseur politique, l’homme parfaitement civilisé, le voyageur, l’intriguant, l’écrivain. Mis à nu par la maladie, seul, Machiavel garde les yeux ouverts. Sans trop savoir pourquoi, il sauve du bûcher une jeune femme malade…. « Et voici ce que je raconte, après dix années de doute et d’esquisses : le dernier amour de Machiavel. Comment le penseur tombe amoureux au milieu des corps et des mauvais rêves. Le prince qu’il n’est pas décide de soigner cette femme, il la lave, la dévêt, lui parle, l’embrasse, s’allonge contre elle, contre elle et contre tout, jusqu’au dernier instant…. Je prends Machiavel à son histoire. J’en fais un homme. Pour Machiavel, il a fallu ce long chemin. Il a fallu les voyages, l’exil, il a fallu les livres, les traités, les grandes découvertes, les femmes, la bizarre course du temps pour qu’il ne reste rien : rien du grand esprit, rien de la gloire. Car la peste renverse tout. » Christophe Bataille nous donne un magnifique roman sur la maladie et le néant, qui sonne comme un avertissement : le mal ne se dit pas, et ses formes sont légion. Mais c’est aussi un roman d’amour, car c’est un geste d’amour qui renverse Machiavel et le monde.