Cinquième roman d'Ignazio Silone, Le Secret de Luc (1956), passe pour le plus nu, le plus grave. C'est une pierre d'angle dans l'oeuvre du grand intellectuel antifasciste italien. Du Secret de Luc, Silone écrivait en effet : « J'espère qu'il aidera à faire comprendre mes livres précédents dont il contient la préhistoire ». Après avoir passé quarante ans en prison pour un crime qu'il n'a pas commis, un vieux paysan, Luc Sabatini, revient dans son petit village des Abruzzes. A Cisterna, le retour du vieux bagnard réveille un mystère et la mauvaise conscience des plus âgés. Pourquoi Luc a-t-il refusé de se défendre à son procès et s'est-il fait la victime volontaire d'une erreur judiciaire ? Quel est le secret de cette « nuit maudite » qui lui valut une vie de bagne ? Luc refuse toujours de s'expliquer. Mais Andrea, l'instituteur, reprend l'enquête, interroge les derniers témoins. Il va exhumer une ténébreuse histoire d'amour et la mémoire de deux femmes : la fiancée de Luc morte de chagrin et l'honorable épouse d'un patron entrée au couvent... Mêlant tragédie antique, roman chevaleresque et chronique sociale, Silone livre le portrait d'un paysan aussi libre que pauvre. Un homme qui ne collabore pas, qui défend sa part secrète et son code d'honneur, et qui en paye le prix : se perdre aux yeux de (presque) tous les hommes. Après Fontamara et Une poignée de mûres, Le Secret de Luc est le troisième roman d'Ignazio Silone publié en Cahiers Rouges.