Le jeune " M. Noverraz " vient de se faire mettre à la porte d'un monastère belge où il était entré quelques mois auparavant comme novice. Le Père Abbé juge son Noverraz trop sensible, plus soucieux de beautés liturgiques et de parfums d'encens que d'austérité et de vie spirituelle. De la graine de poète, plutôt que de moine. Il le rend donc au " siècle ", mais, pour faciliter son " recyclage ", il lui procure une place de précepteur chez son propre frère, le comte de Moressée, à Soye, où Noverraz devra s'occuper du jeune Christian.
Noverraz découvre tout à la fois : le château et le parc, une famille de petits aristocrates, la domesticité, la dureté des riches et leur belle éducation, la froideur d'un enfant, la solitude chez les autres et à l'" étranger ". Il découvre aussi que les Moressée ne sont pas " un couple uni ", et qu'il est difficile de vivre à mi-chemin de deux mondes... Appartient-il, lui que sert en silence un maître d'hôtel impassible mais dont l'unique costume est élimé, appartient-il à la caste des maîtres ou au prolétariat de l'office ? Lui qui a tant souffert de sa naissance irrégulière, que les femmes affolent et terrorisent, que le monastère a rejeté, que sa mère ne sait pas aimer, que les riches blessent mais que les rustauds choquent si fort, - à quel univers, à quelle " étrangeté " devrait-il se rattacher ?
Les quelques mois vécus au château de Soye, pendant lesquels il accumulera gaffes et exaltations, petites souffrances et grands sentiments, peines d'amour propre et attendrissements d'amour - étrange apprentissage sans professeurs et sans règles - auront-ils enseigné à Noverraz plus qu'il n'a enseigné à son petit cancre d'élève ?
Le charme et la force de Georges Borgeaud résident dans son impudeur, son innocence, ses obsessions. Il écrit tout uniment ce que d'autres osent à peine penser. Il souffre et raconte avec naïveté, il aime et peint avec la terrifiante liberté des sans-lieu, des sans-ordre. Il parle comme personne de la Nature, des saisons, des animaux de la forêt, et de lui-même comme d'un petit animal plus à l'aise sur une branche que dans les salons du monde, et des autres comme d'étranges mammifères un peu trop privés d'âme et préoccupés d'enfantillages insanes... Le Voyage à l'Étranger est à la fois un poème naïf et une satire dérangeante de la société. Son voyage " à l'étranger ", Noverraz l'effectue finalement chez les hommes : il était bien fait pour le repliement du cloître puisqu'il n'en revient pas de découvrir combien le " siècle " est dénué d'intérêt. Plus Rousseau que nature, un Rousseau du temps de la Guerre d'Espagne ; qui se jette sur la vie en trébuchant à chaque pas mais que les rebuffades du destin, - réelles ou imaginaires ? - ne détournent pas de son go-t inépuisable de vivre, il lui reste heureusement les forêts, les rivières, les plages et pour plus tard la littérature...
Georges Borgeaud lui, est revenu depuis longtemps de son séjour au pays des hommes : il en a rapporté un regard émerveillé mais sans illusions, et ce beau roman.
Noverraz découvre tout à la fois : le château et le parc, une famille de petits aristocrates, la domesticité, la dureté des riches et leur belle éducation, la froideur d'un enfant, la solitude chez les autres et à l'" étranger ". Il découvre aussi que les Moressée ne sont pas " un couple uni ", et qu'il est difficile de vivre à mi-chemin de deux mondes... Appartient-il, lui que sert en silence un maître d'hôtel impassible mais dont l'unique costume est élimé, appartient-il à la caste des maîtres ou au prolétariat de l'office ? Lui qui a tant souffert de sa naissance irrégulière, que les femmes affolent et terrorisent, que le monastère a rejeté, que sa mère ne sait pas aimer, que les riches blessent mais que les rustauds choquent si fort, - à quel univers, à quelle " étrangeté " devrait-il se rattacher ?
Les quelques mois vécus au château de Soye, pendant lesquels il accumulera gaffes et exaltations, petites souffrances et grands sentiments, peines d'amour propre et attendrissements d'amour - étrange apprentissage sans professeurs et sans règles - auront-ils enseigné à Noverraz plus qu'il n'a enseigné à son petit cancre d'élève ?
Le charme et la force de Georges Borgeaud résident dans son impudeur, son innocence, ses obsessions. Il écrit tout uniment ce que d'autres osent à peine penser. Il souffre et raconte avec naïveté, il aime et peint avec la terrifiante liberté des sans-lieu, des sans-ordre. Il parle comme personne de la Nature, des saisons, des animaux de la forêt, et de lui-même comme d'un petit animal plus à l'aise sur une branche que dans les salons du monde, et des autres comme d'étranges mammifères un peu trop privés d'âme et préoccupés d'enfantillages insanes... Le Voyage à l'Étranger est à la fois un poème naïf et une satire dérangeante de la société. Son voyage " à l'étranger ", Noverraz l'effectue finalement chez les hommes : il était bien fait pour le repliement du cloître puisqu'il n'en revient pas de découvrir combien le " siècle " est dénué d'intérêt. Plus Rousseau que nature, un Rousseau du temps de la Guerre d'Espagne ; qui se jette sur la vie en trébuchant à chaque pas mais que les rebuffades du destin, - réelles ou imaginaires ? - ne détournent pas de son go-t inépuisable de vivre, il lui reste heureusement les forêts, les rivières, les plages et pour plus tard la littérature...
Georges Borgeaud lui, est revenu depuis longtemps de son séjour au pays des hommes : il en a rapporté un regard émerveillé mais sans illusions, et ce beau roman.