En août 1982, dans la banlieue parisienne, le petit David, huit ans, est retrouvé, hagard, dans un jardin, vêtu d'un anorak et d'un bonnet. Emmené au commissariat, il raconte, simplement, qu'il vient de passer huit ans de sa vie enfermé : de quatre à neuf ans attaché à un tuyau de la salle de bains, de neuf à onze ans au pied du lit de ses parents, de onze à douze ans, dans un placard. Sa mère ni son beau-père, pas plus que son petit frère, ne diront jamais rien. Lui-même, au cours de deux libérations exceptionnelles dues à des circonstances familiales, n'osera rien raconter. Mais son enfermement n'est pas le seul de ses supplices : sa mère, pour le punir lorsque, par exemple, elle le surprendra en train de jouer, ou parce qu'il ne finit pas son écuelle, lui brûle la main au troisième degré... Le jour du procès, à la demande de son frère, il implorera l'indulgence pour sa mère et, quelque temps plus tard, une mesure de grâce auprès du Garde des Sceaux. Quatre ans après, il est sans nouvelles de sa mère, de son beau-père et de son demi-frère. {David, aujourd'hui, a vingt-deux ans. Il travaille comme garçon de salle dans un restaurant de la région parisienne. Son apprentissage de la vie d'adulte, il le doit au Pr Tony Lainé (mort en septembre 1992), grand spécialiste des enfants autistes. Evangéline de Schonen est psychologue. Elle a longtemps travaillé avec Tony Lainé}.