La logique narrative de ce récit autobiographique relève de l'inventaire : en huit jours et huit objets minutieusement décrits, de la valise toute cabossée à la blouse grise, en passant par le porte-plume à l'ancienne, l'auteur ressuscite ce qu'il nomme lui-même ses "années mortes". Un long apprentissage de la solitude et de la douleur morale, exagérée bien sûr par la fragilité de l'enfance, qui prend la forme d'un séjour en pension chez les Pères. Punitions physiques, ambiance confinée, premiers émois, paysage imprécis et cotonneux de l'ennui, jalousies et mensonges, cruautés des camarades. L'air est connu, mais Alain Nadaud transcende la banalité de l'expérience par le recours de l'enfant à l'écriture. L'écriture, jusqu'aux dictées infligées, le sauve, en même temps que l'imaginaire où il se complait, qui le protège du réel trop médiocre et décevant.