Ne se raconte que ce qui a été vécu. Ou rêvé. L'enfance, l'adolescence dans les plaines du plat pays. Des souvenirs qu'on avait crus pour toujours oubliés, des événements qu'on hésite à appeler aventure. Ils le sont, pourtant, car tout ce qui dans les premiers temps est vécu ou imaginé dessine le risque de notre destin. D'où ces monstruosités fascinantes, le meurtre des animaux, celui des hommes dans les guerres stupides, celui des mères qui n'en furent pas... Elles sont de là-bas. Jérôme Bosch les a peintes. D'où cette tendresse, d'où cette recherche de l'harmonie des paysages paisibles, glacés, cette union avec la terre. D'où ce piège inexorable du temps. D'où ce déchirement tranquille. Ces quatorze nouvelles représentent deux fois quinze années de ma vie. Quinze années d'enfouissements. Quinze années d'exhumation, les années d'écriture au cours desquelles tout était si difficile que je crois n'y avoir dit que ce qui me blesse ou m'amuse. M.H.