Ecrits au fil des quinze dernières années, les textes qui constituent {Les limites de l'interprétation} pourraient être lus comme un changement de cap radical par rapport à {L'oeuvre ouverte}. L'auteur précise bien, dans son introduction, que si "d'aucuns se sont trop avancés sur le versant de l'initiative de l'interprète, le problème aujourd'hui n'est pas de se compromettre en sens inverse... En somme, dire qu'un texte est potentiellement sans fin ne signifie pas que {tout} acte d'interprétation puisse avoir une fin heureuse". D'où l'effort de l'auteur pour rétablir une dialectique entre les droits du lecteur et les droits du texte en tant que tel. Ici donc, Umberto Eco s'est attaché à mettre la littérature à la question. Dante, Leopardi, Joyce, Eco lui-même, sont ainsi revisités, interrogés - torturés ? Le vrai et le faux, les excès de la sémiotique, la défense des mots et de leur sens, la logique singulière des métaphores deviennent alors prétextes à d'étourdissantes variations. De ces "leçons" - et qui n'a pas rêvé d'un tel professeur ? - ressort une belle morale ouverte à l'érudition comme au plaisir des textes. Un "art de lire" à l'usage des derniers explorateurs de la galaxie Gutenberg...