Entre 1830 et 1914, plusieurs vagues de saphisme déferlent sur les arts et les lettres : les femmes-à-femmes, présentes jusque dans l'opérette, envahissent l'imaginaire des peintres, des dramaturges, des auteurs de la grande et de la petite littérature. Recensant les thèmes de ce foisonnement, Jean-Pierre Jacques dessine pour nous la radiographie d'une époque et d'une certaine situation faite aux femmes par les hommes eux-mêmes. Car la mythologie saphique n'est qu'un piège tendu aux belles. Sous couvert de décadence et de corruption, sous prétexte de littérature, un système de contrôle et d'exploitation sexuelle se met en place, plus subtil, plus intime, et donc plus contraignant. Véritable détournement d'imaginaire opéré par des mâles voyeurs et narrateurs, le mythe, luxuriant mais terriblement réducteur se révèle n'être qu'un agace-bourgeois. Une polissonnerie de raffinés. De cet amour malsain qui se tord et qui mord, plus de traces. Les lesbiennes ? Au XIXe siècle, ce ne sont plus que les jeunes filles en fleur du Mâle. Des petites femmes modèles, au service de la cause...des hommes. Un livre brillant, aussi vivant et drôle qu'intéressant, sur le mépris dans lequel les hommes tenaient les femmes au siècle dernier.