Comme Sylvestre, le maçon de la Creuse et Nanette, la petite domestique venue de sa Normandie, ils sont, au siècle dernier, des milliers de ramoneurs savoyards, laitiers bretons, cochers picards, nourrices alsaciennes, des milliers de porteurs d'eau du Cantal ou de l'Aveyron, qui viennent à Paris chercher du travail. Harassés par les tâches les plus pénibles, entassés dans des chambres insalubres, méprisés par les "Parisiens", ces travailleurs immigrés dans leur propre pays n'ont même pas, pour la plupart d'entre eux, la possibilité de dire leur peine ou leur espoir dans cette langue française que nul ne leur enseigna : ils forment des communautés qui, à travers leur nourriture, leur patois, leurs danses et leurs moeurs, gardent les yeux sur le "pays". Ici, nous le sentons tous, plongent nos racines.