Ce livre est pensé, et écrit, sur le modèle des Lettres philosophiques de Voltaire. Il met en scène un homme, Rachid Boudjedra, qui parle à partir de sa double culture, de son "ubiquité mentale", à partir de sa mémoire rigoureusement franco-algérienne. Et de quoi parle-t-il donc, dans cette trentaine de "Lettres" qu'il s'adresse d'un bord à l'autre de la Méditerranée ? Il parle de politique, bien sûr, de la bêtise qui ensanglante sa patrie. Mais il n'en reste pas là : le sport, les antennes paraboliques, les romans de Marguerite Duras, les petits épiciers maghrébins de Paris, les bistrots, la télé, le racisme, la guerre - sont autant de prétextes à sa verve et à son humour lucide. Boudjedra essaie de dire - aux siens, aux Français - qu'ils doivent se métisser, emprunter sans réserve ce qu'ils ont de meilleur au lieu de se haïr, les uns les autres, pour ce qu'ils ont de pire.