Le héros de ce roman ressemble comme un double à son auteur. Il a 80 ans ; il est riche ; il est veuf (Roger Hanin a perdu son épouse voici deux ans). Ce personnage erre dans Paris, surtout la nuit, et c'est au cours d'une de ces errances, au volant de sa Bentley, qu'il rencontre, sur le pont Alexandre III, une très jeune prostituée (elle a « 16 ans et quelques siècles... ») qui va entrer par effraction dans sa vie. Cette jeune fille bouleverse le vieil homme, lui propose sa sagesse sauvage, l'entraîne vers un univers d'amour et de fantaisie. Le vieil homme, lui, se laisse faire - tout en n'étant vraiment épris que de son épouse défunte et bien-aimée qui, d'ailleurs, lui rend de fréquentes visites, la nuit, quand tout est calme sur la ville... Ce roman raconte ainsi l'histoire de cet amour ultime, absurde, impossible. Il mène son lecteur à Deauville, à Prague, en Egypte. Il est ponctué de phrases drôles sur la vie, la mémoire, le malentendu et la mélancolie. Mais on aurait une idée incomplète de ce roman si l'on distinguait son intrigue de son style. Celui-ci, tout de fansaisie, porte à merveille l'histoire touchante de cette Lolita innocente et mystique. Et il cerne, au plus près, le désespoir enjoué d'un écrivain qui, au soir de sa vie, estime soudain qu'il est temps de prendre congé...