Evariste Kowalski fait partie de ces conseillers de l’ombre – les « spin doctors » disent les anglo-saxons – qui ont beaucoup de pouvoir dans les milieux du business, de la politique et des médias. Les affaires d’Evariste sont très prospères, notamment parce qu’il utilise mieux qu personne le Web comme instrument d’influence. Les lubies de ses contemporains – son domaine d’intervention – lui sont devenues insupportables : célébration de la célébrité, culte de l’opinion individuelle, aversion à l’égard du savoir, moimoïsme geignard, phobie des complots… Ce qu’exècre le plus Evariste, ce sont les trahisons de la génération de ses parents – celle de Woodstock. Elle a abâtardi la recherche du plaisir en religion de l’argent et l’aspiration à la singularité en consommation compulsive. Son père, un ancien hippy reconverti en banquier mormon à Las Vegas, en est la pire des incarnations. A bientôt 40 ans, Evariste décide donc de déclarer une guerre personnelle à ses semblables. Il recourt à toutes les techniques que son métier lui a enseignées dans l’art de la manipulation des esprits. Internet devient son champ de manœuvre privilégié ; il y répand rumeurs et calmonies. Ceux qui croisent le chemin d'Evariste sont pris pour cibles : patron du CAC 40, ministre des finances, journaliste magouilleuse, entremetteur véreux, blogueurs paranoïaques… Sans oublier son père honni. Mais le monde moderne est trop vaste et trop plastique pour se laisser malmener…