Marcel Reich-Ranicki est né en 1920 à Wlocawek sur la Vistule (Pologne). Critique littéraire de l'hebdomadaire Die Zeit de 1960 à 1973, il dirigea de 1973 à 1988 la rubrique "Littérature et vie littéraire" du Frankfurter Allgemeine Zeitung. Docteur honoris causa des universités d'Uppsala, Augsbourg, Bamberg et Dusseldorf, Reich-Ranicki présente depuis 1988 une célèbre émission littéraire sur la deuxième chaîne littéraire allemande. Il est également l'auteur d'une dizaine d'essais sur la littérature allemande, Ma Vie est sa première oeuvre traduite en France. A neuf ans, Reich-Ranicki quitte Wlocawek, pour Berlin. En guise d'adieu sa maîtresse d'école lui dit : "Tu pars, mon fils, pour le pays de la culture" Mais aux yeux du jeune Marcel, le « pays de la culture » comporte bien des zones d'ombre. Ce sentiment ambigu et contradictoire le poursuivra toute sa vie : le bonheur qu'il doit à la littérature, à la musique et au théâtre allemands semble indissociable de la barbarie. En 1938, jeune bachelier, Reich-Ranicki subit le sort de nombreux juifs. Chassé d'Allemagne, il est interné avec les siens dans le ghetto de Varsovie où il connaît les pires humiliations : "Nous avons sans cesse essayé d'oublier notre malheur et de refouler notre peur. La poésie était notre asile, la musique notre refuge" Avec sa femme, Tosia, il survit à l'enfer - par hasard et de manière dramatique. Communiste dans la Pologne d'après-guerre, Reich-Ranicki est témoin de la plus grande trahison que son parti pouvait infliger à un peuple épris de justice. De retour en Allemagne, en 1958, il devient critique pour l'hebdomadaire Die Zeit, et fait rapidement autorité dans le monde des lettres. En dépit de cette notoriété, il se sentira toujours en marge, éternel étranger. Cette autobiographie, qui n'est ni un chant de gloire ni une complainte, révèle un critique lucide, un conteur de tempérament, et un témoin incorruptible du siècle. Du "Groupe 47" aux milieux journalistiques, de Bertold Brecht à Anna Seghers, en passant par Elias Canetti, Thomas Mann, Böll, Frisch, Grass et bien d'autres, Reich Ranicki esquisse un tableau haut en couleur de la vie littéraire allemande. Entre confession et fresque sociale, Ma vie est à la fois un récit d'apprentissage, une chronique critique et un roman d'amour.