S’inspirant des Minutes d’un testament, mémoires du juriste et historien espagnol Gumersindo de Azcárate, Arroyo signe ici une autobiographie décalée, faite de souvenirs, de réflexions, de portraits, d’interrogations, de colère. Les Minutes d’Arroyo, c’est cinquante ans de la vie d’un peintre-écrivain de génie. Né d’un père pharmacien, homme de droite et phalangiste, Arroyo grandit dans le Madrid des années 1950. Élève du lycée français, il s’illustre par ses piètres résultats avant d’intégrer une école pour « cancres transfuges de tous les collèges » de la ville, puis une école de journalisme. Jeune homme, il choisit l’exil et gagne Paris, où sa peinture, marquée par son obsession de l’Espagne et de la dictature franquiste, est de plus en plus appréciée. Détournant le sens des chefs-d’œuvre de la peinture espagnole, il provoque les surréalistes avec sa série Miro refait (1967). Entre la France et l’Italie, il est de toutes les aventures de la « Figuration narrative », ce courant qui allie la représentation du quotidien aux revendications sociales et politiques. Après la mort de Franco, il regagne l’Espagne, pays dans lequel il se sent désormais étranger. Il désamorce alors la dimension contestataire et accusatrice de son œuvre et explore de nouveaux thèmes et personnages, tels que le ramoneur ou le boxeur, métaphores de l’artiste. De son goût pour le Whisky J&B aux difficultés de la création artistique, en passant par ses voyages à Cuba ou son amitié avec Jorge Semprún, Arroyo manie l’anecdote avec brio. Écrire, relater, transmettre, avec le pinceau ou la plume, c’est là toute l’ambition de cet intellectuel touche-à-tout.