"Une campagne électorale est une pathétique et inénarrable comédie. Dès que retentissent les trois coups, je note avec fièvre des épisodes grandioses ou minuscules dont je ne doute pas que, mis bout à bout, ils constitueront une épopée. Mais le soir venu, de peur de blesser les militants, de choquer les courtisans ou de vexer les futurs présidents, une indulgence en forme d'autocensure me fait jeter mon maudit carnet dans un placard. Le délai de décence étant passé, en voici, à l'état brut, des extraits : scènes, portraits, mots, esquisses et impressions qui dessinent le paysage de la France à l'heure de ses clochers électoraux. On y trouvera de ces vérités vues et entendues qui d'habitude ne sont pas bonnes à dire. Mais les vainqueurs tout à leur bonheur ne vont pas se plaindre. Et les vaincus seront trop occupés à soigner leurs plaies pour protester. Dans cette histoire, la morale est sauve. Car si prodigieuses que soient la malice et la maîtrise des candidats, à la fin, c'est le peuple, plus malin, qui gagne." Ph. A.