L'enfance à Tunis, le père mort au champ d'honneur en septembre 1944, le petit garçon qui reçoit les décorations paternelles à titre posthume, le Lycée Carnot, l'Ecole Normale, des études d'histoire, puis l'ENA, la Cour des Comptes, le détour par la presse (au {Provençal}), l'engagement militant et le début de la "carrière" : chargé de mission à l'Elysée en charge des problèmes agricoles (tandis que le ministre de l'Agriculture n'est autre que... Jacques Chirac qui le trouve bien "dérangeant"), le retour vers la Cour des Comptes, la circonscription d'Epinal, le ministère des Affaires sociales dans le premier gouvernement de cohabitation... S'il fallait un modèle à Philippe Séguin, plus que Louis Napoléon à qui il consacra une biographie (Grasset 1989), ce serait assurément celui de Clemenceau, l'homme qui, toujours et sur tout, s'opposa aux conformismes et sut, par des discours fleuves et tonitruants, réveiller la Chambre, galvaniser les énergies. Aujourd'hui, Philippe Séguin, quatrième personnage de l'Etat, occupe une position clef entre les différents courants de la majorité comme, sur d'autres plans, entre gauche et droite. Son destin est encore devant lui.