Unique rejeton d'une grande famille patricienne, Porfirio Vasconcellos incarne l'archaïsme baroque d'une Sicile révolue. Son mariage avec Constance, fille d'instituteurs auvergnats et image parfaite de la France laïque de la IIIe République, relève du défi. Adeline, sa mère, n'a jamais admis cette union. Constance supporte mal de voir son mari se dissiper et s'endetter. Porfirio, quant à lui, étouffe sous le regard de cette femme implacablement janséniste. Il est le Sud. Elle est le Nord ; tout les sépare : l'argent, le sexe, l'éducation des enfants. Et la politique. Fasciné par les succès de Mussolini, Porfirio retourne fréquemment dans le pays de son père où il découvre le fascisme sous des traits pittoresques et inattendus. En France, les crises se succèdent : émeutes, Front populaire, création par Doriot, l'ancien chef communiste, d'un parti fasciste auquel Porfirio finit par se rallier. En s'agrégeant à un clan d'activistes et de violents, il a autant le désir de trouver un remède à la décomposition de la république parlementaire que l'espoir de compenser sa débâcle personnelle. Au soir de sa vie, Porfirio retrace l'histoire de ce double désastre, échec conjugal et dérive politique dont les fils entrecroisés font revivre, dans le climat passionné de l'avant-guerre, la rencontre manquée du Sud et du Nord.