Albin Chalandon est peut-être le seul leader politique français à avoir été chef d'entreprise et ministre, homme d'affaires et homme d'Etat, mariage de compétences qui, dans le grand remue-ménage libéral d'aujourd'hui, en fait un des rares à parler de ce qu'il connaît. Et, fort de son expérience à la tête d'une banque privée, au ministère de l'Equipement comme à la présidence du groupe Elf, il est sévère : le concept même de "politique industrielle" est aberrant. La mainmise de l'Etat sur les affaires - inaugurée par Colbert et devenue omnipotente depuis 1945 - est non seulement incohérente mais mortelle. A chacun son métier. Si l'Etat est nécessaire comme entité morale, si l'économie de marché ne peut fonctionner sans morale, la liberté d'entreprendre, avec tous les risques qu'elle comporte, doit être l'unique règle. La France, empêtrée dans son hyperréglementation, alourdie par un Etat tout-puissant, est désormais au pied du mur. Celui du capitalisme, qui, écrit A. Chalandon, n'est pas une doctrine, mais la vie. La liberté.